Curse of the Dead Gods est tout d'abord un rogue-lite qui, en terme de structure comme de game feel, fonctionne très bien : le système de combat est fun, engageant et nerveux. On a une progression assez classique de ce type de jeu en terme d'améliorations, de variation d'armes etc. Mais là où il se démarque, à mon sens, c'est dans sa façon d'intégrer diverses idées (originales ou clairement inspirées d'autres titres) et de les faire vivre ensembles. A titres d'exemples, le principe de lumière/obscurité qui va influer les dégâts -infligés et reçus- mais aussi entre en synergie avec divers passifs, ou encore les chemins pour progresser dans les niveaux façon Slay the Spire. Et bien entendu le gimmick du jeu, les malédictions qui peuvent parfois fortement changer la mêta d'une run. Tout ceci est très fun et se prend bien en main même quand on début tout juste (d'ailleurs le jeu a une difficulté assez progressive pour un RL ce qui, en plus des options d'accessibilité, est plutôt cool). Visuellement c'est très joli, l'atmosphère sonore fonctionne bien, et si l'histoire est anecdotique l'ambiance fait le job. Bref, un bon jeu que ça soit pour y passer quelques heures comme pour le poncer jusqu'à la moelle ! :)
Narita Boy m'a laissé une impression en demi-teinte, qui a eu tendance à se dégrader sur la fin. Pour commencer par le positif, le jeu visuellement superbe. Il propose un pixel art à la 80s (ou plutôt l'image qu'on a tendance à s'en reconstruire), plein de détails et avec des environnements très marqués visuellement et qui sont sont assez marquants. Au niveau du combat, ça fait globalement le job, et l'univers créé a une certaine cohérence et permet de suivre l'histoire ; celle-ci connaît quelques instants assez touchants. Le souci est que, mis à part sur le visuel, tous ces éléments deviennent soit lourd soit irritants au fil des heures de jeu. Le plus évident est le combat : il est ok, mais reste un peu rigide et sur la fin on se retrouve à vivre des combats aux effets dont la portée est confuse, on prend des dégâts de façon incohérente et c'est juste trop raide pour la difficulté proposée. Niveau univers, on finit par être totalement saturé de la logorrhée de certains PNJ, ainsi que du côté "référence wink wink" et de ce que racontent certains éléments qui, sans trop spoiler, sont des poncifs dont on se passerait bien. Bref, un jeu plein de qualités mais qui finit par se tirer un balle dans le pied. A tester, assurément. A finir, selon le courage de chacun. :)
Journey to the Savage Planet est un titre que j'ai failli arrêter après les toutes premières heures de jeu, incertain de l'intérêt en terme de boucle de gameplay, comme de ton, l'humour frôlant parfois le lourdingue. Je suis pourtant bien content d'avoir insisté. Si le jeu n'est effectivement pas finaud dans le ton, ça ne tombe (presque) jamais dans l'excès et EKO, l'IA qui nous accompagne (et dont on peut désactiver les dialogues si on n'est pas fan), m'a arraché pas mal d'éclats de rire. Idem pour un personnage très récurrent des videlogs et dont l'acteur est vraiment drôle. (Petit plus : même si ça nuit un peu sur les videologs en question, passer de la VO anglaise à la VF québécoise vaut vraiment le coup tant l'actrice qui double EKO en FR est drôle et sait déclencher l'hilarité en quelques mots, voire quelques onomatopées.) Pour la partie gameplay, on prendra plaisir à explorer cette planète et le jeu fait un très bon travail sur pas mal de points à ce niveau : le level design est plutôt intelligent, et fait un bon boulot en dévoilant un tout petit peu du chemin qui nous attend, comme en nous offrant des panoramas sur ce qu'on a déjà accompli. La jouabilité est probablement le gros point fort et sitôt qu'on aura débloqué quelques améliorations, on prendra énormément de plaisir à explorer, fouiller, observer et expérimenter avec les outils à notre disposition. Grâce à un rythme bien géré et de nombreuses commodités (ou QoL comme on dit), l'expérience est fluide est ne s'attarde pas trop : environ 12h pour finir l'histoire en faisant du contenu annexe. L'ambiance sonore est également très réussie, tant en terme d'information au joueur ou à la joueuse, que dans l'atmosphère qu'elle installe. Elle renforce cette petite vibe Borderlands ou Fallout dont le jeu assume clairement l'héritage. Un chouette jeu dont il ne faut pas trop attendre niveau histoire, mais qui saura faire rire et donner envie d'explorer !
J'ai lancé SOMA un peu fébrile, étant plutôt du genre peureux face aux jeux estampillé horreur. Finalement, outre que je n'ai pas eu si peur que ça, j'ai découvert un jeu aux nombreuses qualités et qui brille sur plusieurs plan. D'abord, j'aime beaucoup le fait que le titre ait une grosse composante "walking sim". On croise des antagonistes (et on évolue avec la crainte persistante d'en croiser), mais au final ils n'entravent que peu la progression. On peut alors se focaliser sur les autres aspects du jeu, et c'est pour le meilleurs tant ceux-ci sont brillants. L'histoire est terriblement accrocheuse et on plonge vite dans les enjeux et les questionnements que les événements qu'on vit soulève. L'atmosphère, probablement le plus gros point fort du jeu, est incroyable et est nourrie par beaucoup d'éléments sur lesquels on s'en que Frictionnal a une excellente maîtrise : les décors, la gestion des lumières, mais aussi des flous et des glitchs visuels. Le level design est, à quelques exceptions près, très bon et les lieux que l'on visite ne semblent pas artificiels, au contraire. Il est difficile d'en dire plus sans spoiler, ce qui serait dommage, mais en tous cas SOMA fait preuve d'une grande maîtrise et est un jeu qui a des choses à raconter et de quoi nourrir pas mal de réflexions (hashtag #safaitréfléchir).
Habituellement je n'aime pas les jeux militaires dans un setup réaliste car, à titre personnel, je trouve que gamifier des violences contemporaines sans recul n'est pas du meilleur goût. Mais au moins ces jeux-là sont à peu près honnêtes dans leur proposition. Spec Ops The Line a les défauts de ces jeux, mais a en plus l'incroyable audace de vouloir faire croire qu'il est plus, or (à mon avis), il n'en est rien. La violence est au cœur du gameplay sans que cela soit -réellement- remis en question ; les personnages que l'on tue par dizaine sont des accessoires, y compris quand le jeu essaie de faire mine qu'il y a un impact émotionnel plus fort (mais sans aucun build up) ; le moyen-orient est posé comme un terrain de tir (trè orijinal) ; les mises en scènes sont souvent assez grotesques ; les ficelles énormes et se répétant sans cesse ; les situations et les dialogues font preuve du même virilisme bas du front que les pires shooters ; l'histoire est vue et revue dans diverses autres œuvres (mais qui ont généralement moins de prétention). Même les écrans de chargement sont d'un niveau "inspiration de boomer" avec d'occasionnels phrases qui se veulent meta alors qu'elles sont aussi profondes qu'un pédiluve. On voit venir à 12 km ce que le jeu nous raconte, en espérant cependant que cela sera fait avec intelligence, et ça ne l'est absolument pas. Au final le jeu ne fait pas prendre beaucoup de recul et j'imagine mal quelqu'un se questionner sur les questions abordées grâce à ce jeu, même partiellement. Pour le côté technique, c'est assez banal, voir pas très bon en terme de level design ou d'équilibrage de quelques passages. Le seul point positif est une séquence d'une dizaine de secondes qui joue sur notre perception de façon assez stylée. Ca fait peu. Bref, j'ai détesté et je trouve la démarche de ce jeu hypocrite.
Mutazione est un jeu que j'ai trouvé assez inégal mais dont les points forts font que même ses faiblesses ne l'empêchent pas d'être une expérience intéressante et une aventure très humaine. En jouant Kai, qui va passer des vacances chez Papi d'un genre qui diffèrera certainement des congés chez vos grands-parents, on rejoint une communauté singulière, pleine de personnages attachants bien écrits, ce qui est (je pense) la plus grosse force de ce jeu. On apprendra vite à les connaître, les apprécier et vouloir s'investir dans les différents arcs et les différents enjeux les concernant. Les dialogues sont généralement bien écrits (et pas mal traduits), avec ce qu'il faut d'humour sans que cela soit lourd. Bien sûr il faut saluer le graphisme, coloré et simple allié à un sound design qui appelle à une certaines sérénité. Également l'interface qui se laisse bien prendre en main et, surtout, sert le côté narratif (notamment grâce au journal qu'on prend plaisir à lire même si on n'a pas spécialement besoin de directions). Pour ma part les faiblesses sont du côté de la trame principale, donc je dois bien dire que je n'avais pas grand chose à faire, et qui ne m'a pas beaucoup parlé, ainsi que du seul système de jeu non narratif. Sans spoiler, on a un genre de mini jeu de gestion qui est très simple à prendre en main, mais à beaucoup de caractéristiques qui n'ont a priori aucune importance ; l'avantage est qu'on peut donc s'en tenir à une gestion de base mais du coup difficile de ne pas trouver ça un peu raté (et, tout comme la trame principale auquel c'est lié, ça n'est pas très parlant). Ces réserves n'empêchent pas Mutazione d'être une chouette expérience.
Deliver Us The Moon a été pour moi une bonne surprise. Ce jeu a trouvé le bon équilibre entre ses ingrédients pour proposer une histoire de SF engageante, avec des phases de gameplay assez simples pour ne jamais se mettre en travers de l'histoire, mais assez bien pensées pour tenir le joueur ou la joueuse engagée. Dans ce jeu où le personnage est envoyé en solitaire sur la lune pour une mission aux enjeux globaux, on trouve pas mal d'inspirations ou de similitudes avec des titres comme Observation, Tacoma ou même Dead Space 2 sur certains moments d'actions à la réalisation très cinématographique. Les environnements sont réussis, et bien qu'on soit guidé·e pour toujours savoir où aller, les lieux sont vraisemblables ; on croit à la fonction qu'ils sont censés avoir tenue et pas seulement à des éléments de jeu. A quelques très courtes phases près, le rythme est plutôt bien géré. Les phases de jeux alternent entre des puzzle (majoritaires), de l'exploration et quelques moments d'actions scriptés. Ce n'est évidemment pas le point fort du jeu, mais ça fonctionne. Le seul petit reproche que je ferai sur l'histoire et la narration, les principaux attraits du jeu, est que certains éléments sont révélés ou peuvent être devinés trop tôt. Du coup on avance dans les découvertes mais celles-ci sont moindres comparées à celles des premières heures ; cela ne ternit néanmoins pas l'intérêt de ces éléments.
Malgré une proposition initiale alléchante, à savoir un "subnautica-like" au ton léger, Breathedge s'avère au bout de quelques heures fatigant à tous les niveaux. L'humour est d'une lourdeur faisant passer les Borderlands pour du jeu d'auteur, et alterne entre les blagues pipi-caca, le sexisme beauf et de façon trop rare une référence ou un meme vaguement amusant. Le tout est narré par l'IA qui nous accompagne, une voix masculine dont le doubleur a vraisemblablement pris trop de café, donc elle est agaçante et ses textes à rallonge sont difficilement compréhensible. Pas besoin de parler de l'histoire, elle est inexistante et le jeu, trop occuper à nous lâcher une blague de prout, ne construit pas d'univers amusant ou engageant. Les mécaniques, bien que calquées sur du subnautica, n'en ont clairement pas l'affinage au niveau de l'équilibre. Au final on se retrouve à faire en boucle des allers-retour sans le plaisir de la découverte (puisqu'on est limité en terme de mouvement), et sans que les améliorations technologiques ne fournissent beaucoup de plaisir. Les contrôles ne sont pas hyper bien pensés (même si ça passe à peu près), l'arbre technologique n'est pas bien clair et les menus de crafts désorganisés. Au final, les moments de gameplay intéressant sont minoritaires et entachés par tout le reste. Bref, c'est médiocre au mieux.
Carto est une très chouette expérience. En suivant les aventures de Carto, une petite cartographe séparée de sa mamie, on visite des lieux au coup de crayon charmant, en resolvant des petites énigmes et en croisant des personnages tous plus accueillants les uns que les autres. Un jeu mignon, parfait pour les soirs où la fatigue fait qu'on a besoin d'un petit jeu tranquille et positif !
Call of the Sea propose un jeu à la croisée des chemins entre walking simulator et jeu de puzzle raisonnablement difficile, le tout dans des décors éblouissants. Tout n'est pas parfait, mais c'est un jeu très réussi. Sur les bons points, l'ambiance sonore, l'atmosphère et la mise en scène qui font mouche. On retrouvé, imho, un peu l'atmosphère de certains vieux point'n'click, avec des idées de design et des visuels modernes. Les puzzles obligent à se creuser les méninges (un carnet de note IRL, en plus du journal IG, est recommandé !), mais restent assez accessible pour peu qu'on s'en donne le temps et, à une ou deux occasions, qu'on essaye de changer de perspective. Là où le jeu a pêché (lolol) en ce qui me concerne, c'est sur la narration : celle-ci manque souvent de subtilité et on a envie de dire à la protagoniste (ou aux personnages secondaires via leurs notes) "c'est, j'ai compris, stop". A titre personnel, je trouve aussi que le jeu reste trop sur la réserve concernant les thèmes fantastiques qu'il aborde. Néanmoins ça reste une aventure prenante et qui sollicite constamment notre sens de la logique ! Je recommande sans hésiter. :)
