Prenez un soupçon de Stardew Valley (pour le côté exploration / vie quotidienne et communautaire au gré des saisons), une pointe de Live is Strange (pour le côté "paradoxe temporel, nostalgie et vie d'ado"), et quelques belles références SF (avec tous les dilemmes moraux que cela suppose), et vous aurez un début d'idée de ce que propose I Was A Teenage Exocolonist. Dotée d'une solide direction artistique, cette simulation d'adolescence dans une colonie humaine sur une exoplanète révèle la force de son lore au fur et à mesure qu'on y rejoue, afin de dévoiler tous les ressorts et subtilités de son background - que ce soit l'arc narratif de personnages intéressants ou le contexte général de la colonisation. On a l'impression d'une douce fantaisie quand on joue à ce jeu, notamment à cause de son design enchanteur, mais tout est très cohérent - que ce soit les normes sociales et technologiques à l’œuvre, la psychologie des personnages, ou la façon dont la planète fonctionne. Attention cependant, mieux vaut être à l'aise avec l'anglais car le jeu n'est pas encore traduit. Par ailleurs, le jeu évoque des sujets matures et parfois difficiles. Émotionnellement ce n'est pas totalement inoffensif. Le jeu en outre est queer friendly (possibilité de choisir et changer de genre, y compris non-binaire, tout au long du jeu, et de tenter sa chance avec n'importe quel autre ado) - après tout, on est dans le futur !
Ok, Norco avait de beaux atouts pour lui : jeu indé à la direction artistique singulière, pixel art parfois du plus bel effet (plus sur les paysages que sur les visages), personnages bien campés, éléments de scénario assez dingues qui retournent le cerveau, belle musique bien dosée, univers de jeu intrigant et intéressant. Malgré cela je suis restée sur ma faim, pour plusieurs raisons : - certaines aspects de la direction artistique lorgnaient trop du côté de Disco Elysium sans en avoir la cohérence ni la subtilité (notamment la description de décors alentours) - les mini-jeux étaient d'intérêt variable - peu d'influence du joueur sur l'intrigue ; certains rebondissements inévitables étaient visibles de loin, sans qu'on puisse agir dessus... - et surtout, gros point noir : pas mal de questions restent en suspens quand on finit le jeu. Beaucoup de pistes non finies, non abouties, ce qui est pour moi rédhibitoire quand on finit un jeu de ce type. Quand on le compare à son modèle Disco Elysium, dans DE il y avait des éléments parfois très étranges voire WTF, mais TOUT était cohérent, pertinent, et pouvait s'expliquer au moins en partie. Là dans Norco il y a des pans entiers qui restent comme un chantier ouvert, c'est assez frustrant, surtout au vu de la richesse scénaristique qui est proposée. Donc pour moi l'écriture reste bâclée malgré un très bon potentiel.
Les points forts du jeu sont les graphismes, l'univers déployé et l'ambiance visuelle et sonore, entre du enfantin enchanteur et du sombre à la Blade Runner du plus bel effet. C'est pour cela qu'on y reste. Les voix en anglais des deux personnages principaux sont bien exécutées avec un petit faible pour SAM53. Les interactions avec les personnages et les puzzles sont plutôt bien faits, même si l'interface d'utilisation des objets aurait pu être améliorée. Ce que je peux reprocher au jeu serait son intrigue un peu simpliste, un manque d'immersion émotionnelle (certes la petite Tina réagit parfois tristement à certains évènements mais ça reste assez contenu), une durée un peu courte qui ne le mettent pas dans la catégorie des grands jeux. Durée de vie < 10 heures. Sans doute un peu cher à plein tarif
Mutazione a pour atouts une très bonne direction artistique originale qui réserve des moments de grâce parfaitement narrés et rythmés, avec des animations, couleurs et sensations chatoyantes. Le sound design des plantes qu'on fait pousser et qui recèlent chacune un son différent est très bien fait et relaxant ; parfait pour les mélomanes à la main verte. Les personnages sont bien écrits, différents et attachants. L'aventure est inclusive, les non-dits font aussi partie de l'histoire. Mon seul petit regret est une histoire fil rouge un peu attendue, mais c'est le chemin qui compte, pas la destination.
Disco Elysium fait partie des jeux qui vous hantent longtemps. Parce que direction artistique audacieuse et jusqu'auboutiste. Parce que propos politique et sociologiques assumés. Parce que lore démentiel. Parce que personnage principal sublime, à bout de souffle, cohérent quelle que soit la direction que l'on prend avec lui. Parce que quasi tous les sujets importants y sont abordés, et traités en profondeur - l'amour, l'autodestruction, l'art, la religion, l'Histoire, la géographie, les idéaux politiques, l'argent, le pouvoir, l'économie, l'écologie, le travail, la folie. Parce que les personnages rencontrés sont un microcosme qui balaie toutes les strates de la société - de l'émissaire richissime de multinationale au plus déglingué des SDF, autrefois startupper. DE n'est pas véritablement un jeu vidéo. Il va au-delà de ça, il est une œuvre globale, narrative, littéraire, artistique, musicale. Et depuis que la traduction en français existe, on peut en profiter davantage et mieux s'y plonger.
Vendu comme un jeu culte qui n'a pas vieilli, ce jeu s'est avéré pour moi dépassé et décevant. A savoir que je n'y ai jamais joué avant, donc je n'ai pas l'aspect "nostalgie" qui est venu influencer mon expérience. Les musiques sont plutôt cool, le scénario a l'air pas trop mal quoique décousu (j'y ai joué environ 2 heures). Le chara-design m'a paru peu heureux (des tronches un peu dégueu, ce n'est que mon avis perso). Les voix caricaturales, la navigation lente, l'humour moyen. C'est sans doute un jeu qui convient mieux aux plus jeunes.