La route : une invitation aux intersections infinies dont chaque virage contient une nouvelle possibilité. C’est le cœur du fascinant Road 96 de DigixArt,, une aventure narrative procédurale à l’univers graphique coloré magnifique. Aujourd’hui, en exclusivité pour GOG, nous avons la chance de parler avec Charles Boury, le directeur artistique, qui nous guide au travers de la création d’un décor iconique du jeu.Road 96 vous invite à explorer, en auto-stop, des milliers de chemins et à rencontrer des personnages hauts en couleurs, au travers d’un grand road trip dans un pays privé de liberté, pour retrouver la votre. Si le gameplay et la narration sont des éléments clés de l’immersion dans l’histoire, sa direction artistique est la pierre angulaire de cette expérience onirique. Découvrez la philosophie de Charles et apprenez-en plus sur la création de jeu, juste ici :
GOG.COM : Bonjour Charles, merci d'être avec nous aujourd'hui pour parler de Road 96 ! Tout d'abord pourriez-vous vous présenter rapidement ?Charles Boury (Directeur artistique) : Je suis Charles Boury, directeur artistique du jeu Road 96. J’aime travailler sur des projets qui font réfléchir à notre place dans le monde. Je crée des jeux mais je joue peu, faute de temps. J’ai un faible pour les vieux jeux, je rallume souvent mes vieilles consoles.
Selon-vous de quelle façon l'ambiance graphique d'un jeu influence sa narration et quel doit être son impact émotionnel sur les joueurs ?Nous avons tous et toutes besoin d’images pour vivre une histoire. Si c’est une histoire textuelle, très vite apparaissent des personnages et des paysages inventés par notre imaginaire. C’est fascinant que nous fassions cela sans effort, automatiquement.
Pour une BD, un film ou un jeu, les choix sont déjà faits, ce qui amène plein de bonnes choses. Par exemple, on peut combiner une narration pleine d’émotion et de subtilité avec un décor brut et sans pitié, pour créer du contraste et amener un contexte, naturellement, sans explication. L’ambiance graphique d’un jeu permet de soutenir la narration, de lui donner un corps. Mais elle permet aussi d’orienter l’histoire. La même scène de braquage n’est pas vécue de la même manière de jour ou de nuit. Et s’il pleut ? Et si les braqueurs ont des costumes ridicules ? Tous ces choix changent carrément la scène. Dans Road 96, les scènes sont procédurales, donc nous avons réfléchi à des tas de combinaisons possibles.

Cette image de référence est une des nombreuses que nous avons rassemblées pour définir l’univers de
Road 96. Pour imaginer un pays fictif, dur à vivre parce qu’il a saccagé ses espaces naturels, déployé une industrie sale, et raté ses promesses de liberté, mais plein de poésie dans le voyage et les rencontres, nous avons puisé dans les déserts de l’ouest américain, les forêts maltraitées de Russie, l’architecture désuète des pompes à essence et des diners des 60s. Nous sommes souvent revenus à ce catalogue pour l’augmenter, tout au long du développement. Ce n’est pas simple à imaginer, un pays entier !

Ce concept art, réalisé par wardenlight, précise le décor ainsi que le rendu graphique voulu. La palette de couleur restreinte pour rendre unique ce jeu, le reconnaître du premier coup d’œil, la présence constante de la route, seul fil d’espérance du joueur jusqu’à sa destination rêvée, la montagne au loin, cette frontière vers l’autre pays. Les couleurs sont franches, les formes et les textures sont stylisées, coupées à la serpe, raturées. Elles prennent les codes des romans graphiques, ces illustrations franches du quotidien difficile. L’ambiance lumineuse est pourtant fraîche et pleine d’espoir. Elle joue un rôle important, humanisant, dans nos décors autrement très arides.

Voici le rendu dans le moteur du jeu. Nous avons pris du temps pour trouver la topographie exacte de la chaîne de montagne au loin, qui doit fonctionner comme un phare, faire ressentir la distance qu’il reste à parcourir, et rester stylisée pour rester dans l’identité au jeu. Nous avons aussi porté beaucoup d’attention aux textures, au sol, à la route, et pour tous les objets du monde, en jouant constamment sur l’équilibre entre crédibilité et style. Un soin tout aussi méthodique fut pris pour parfaire la palette de couleur, grâce à des réglages colorimétriques spécifiques à chaque décor. Finalement, l’ambiance atmosphérique joue le même rôle enveloppant que dans le concept art, et ce fut un gros challenge technique, qui a été relevé et gagné par la fabuleuse équipe à DigixArt.
Merci encore à Charles pour cet aperçu unique des coulisses de la production du jeu de DigixArt. Dites-nous si ça vous a plu en commentaire et lancez-vous dès maintenant dans Road 96, l’aventure narrative procédurale aux allures de rêve.